TRADUCTION A PARAITRE (2024)

 

IVAN VIRIPAEV

ETUDE CONFIDENTIELLE
NOUVELLE ETHIQUE CONSTRUCTIVE

viripaev

version 2024 de la pièce
traduction Tania Moguilevskaia, Gilles Morel




Extrait du texte


Une pièce aménagée pour les entretiens au design façon station spatiale ou laboratoire scientifique.

Scène 1

I-ONE (voix masculine). – Bonsoir. La présente étude a été conduite en 2028 par l’organisation internationale de recherche « First world security » pour le compte du Centre de recherche scientifique et sociale « New Constructive Ethic ». Cette pièce de théâtre est basée sur les transcriptions de trois entretiens qui ont été mises à notre disposition par le commanditaire de ce projet. L'idée de créer une pièce de théâtre basée sur ladite étude relève de la responsabilité du conseil d’administration de la compagnie internationale New Constructive Ethic de Mme Lene Sorensen en personne.

I-ONE (voix féminine). – Au cours de la présente étude, 150 personnes ont été interrogées. Ce sont des gens de différents âges, sexes, origines et citoyennetés. Il s'agit en majorité de scientifiques, de médecins, de psychologues, de virologues, de politiciens et de représentants des arts. Chaque participant à l’étude s'est vu poser un certain nombre de questions touchant aux sphères professionnelles et privées de la vie. Avec l'autorisation du commanditaire, nous présentons à votre attention les transcriptions de trois entretiens avec trois des participants à l’étude.
Bien entendu, les noms et lieux de travail de ces participants ont été changés. La décision de publier ces études a été prise par les fondateurs de New Constructive Ethic.

Scène 2

Au milieu de la pièce, la professeure Monika Borowska est assise dans un fauteuil confortable.

Les voix masculine et féminine représentent le réseau neuronal qui conduit l’étude. Ses questions sont diffusées par haut-parleur.

I-ONE (voix féminine). – Bonjour, Professeure. Je suis une intelligence artificielle, le réseau neuronal baptisé I-one, développé par la société californienne "FWS". Pour faciliter la communication, je communiquerai avec vous en tant que femme…

I-ONE (voix masculine). – ...ou, selon la tournure prise par notre conversation, en tant qu’homme.

I-ONE (voix féminine). – Nous vous remercions encore une fois d'avoir accepté de participer à notre étude.

I-ONE (voix masculine). – Vos connaissances scientifiques, vos compétences, votre talent et votre intuition sont susceptibles d’apporter une contribution inestimable à la résolution de tâches incroyablement importantes qui entravent le développement de la civilisation contemporaine.

I-ONE (voix féminine). – Au nom de mes collègues de First World Security et de New Constructive Ethic, je vous exprime notre gratitude et notre plus profond respect.

MONIKA. – Merci. Je serai ravie de pouvoir vous être utile.

I-ONE (voix féminine). – Notre organisation se consacre à l'élaboration de stratégies de long terme dans des domaines complètement différents de l'activité humaine. Nous travaillons avec des organisations pacifiques aussi bien que militaires. Nous comptons parmi nos clients la NASA et l'Organisation mondiale de la santé.

I-ONE (voix masculine). – Je crois qu'il est nécessaire de vous informer que le format de notre conversation implique l'enregistrement et le traitement de toutes les informations que nous aurons reçues de vous afin de mener une analyse indépendante de vos réponses à nos questions.

MONIKA. – Oui, on m'a déjà expliqué tout ça à la signature du contrat. Tout est en ordre.

I-ONE (voix féminine). – Eh bien alors, nous pouvons commencer.

I-ONE (voix masculine). – Comme nous l'avons déjà dit, nous vous poserons des questions non seulement sur des sujets qui relèvent de votre expertise, mais aussi sur des sujets sur lesquels nous voudrions entendre votre opinion personnelle. Essayez que vos réponses ne soient pas trop longues et les plus précises possible.

MONIKA. – Je ferai de mon mieux.

Pause.

I-ONE (voix féminine). – Veuillez dire à haute voix votre nom, votre titre ainsi que l'année, le mois et le jour d'aujourd'hui.

MONIKA. – Monika Borowska. Psychothérapeute. Professeure à l'Université de Columbia à New York. Aujourd'hui, mercredi 15 mai 2028.

Pause.

I-ONE (voix masculine). – En plus d'être professeure à l'université de Columbia, vous recevez des patients dans votre cabinet libéral à Manhattan. Votre site Internet indique que vous êtes psychologue intégral. Que signifie "Intégral" ?

MONIKA. – Il s'agit d'un courant de la philosophie moderne, dont l'un des fondateurs est le remarquable philosophe et psychologue américain Ken Wilber. La philosophie intégrale est la somme de toutes les connaissances obtenues au cours de tous les siècles de développement humain. La religion, la science, le mysticisme, les pratiques spirituelles et, bien sûr, la médecine traditionnelle, la biologie et la psychanalyse. Ces connaissances sont intégrées dans un courant unique ou, si l'on veut, dans une méthode ou une approche. L'approche intégrale présuppose une vision très large du développement de l'évolution humaine. Psychologue intégral, dans le présent contexte, signifie que dans mon travail, j'utilise des outils et des connaissances plus larges provenant de différents domaines du développement humain tels que la méditation, le yoga, les pratiques chamaniques, conscience modifiée, etc. mais aussi, bien sûr, les connaissances scientifiques traditionnelles.

Pause.

I-ONE (voix masculine). – Vous avez essayé le LSD ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – L'ayahuasca ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – La respiration holotropique ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – Vous pratiquez régulièrement le yoga et la méditation ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – Vous recommandez l’une ou l’autre de ces pratiques à vos élèves ?

MONIKA. – Seulement le yoga et la méditation.

I-ONE (voix masculine). – Et les états de conscience modifiée ?

MONIKA. – En aucun cas.

I-ONE (voix masculine). – Pourquoi ?

MONIKA. – C'est très dangereux. La pratique des états de conscience modifiée réclame une préparation très minutieuse et un psychisme stable.

I-ONE (voix masculine). – Vous le faites pourtant vous-même ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – Et cela vous aide dans votre travail ?

MONIKA. – Oui, beaucoup.

I-ONE (voix masculine). – Et dans votre développement spirituel ?

MONIKA. – Oui, sans aucun doute.

I-ONE (voix masculine). – Alors pourquoi ne pas la recommander à vos étudiants, si elle est si utile ?

MONIKA. – Eh bien, comme je l'ai déjà dit, ce n’est peut-être pas sans danger.

I-ONE (voix masculine). – Mais vous la pratiquez ?

MONIKA. – C'est ma décision consciente et personnelle.

I-ONE (voix masculine). – Mais quelqu'un vous l’a bien conseillée, n'est-ce pas ?

MONIKA. – Oui, bien sûr.

I-ONE (voix masculine). – Qui, si ce n'est pas un secret ?

MONIKA. – Il me semble que je peux ne pas répondre à cette question.

I-ONE (voix féminine). – D'accord. Vous êtes née et vous avez fait vos études secondaires en Pologne ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix féminine). – Vous avez quitté la Pologne à l'âge de 19 ans ?

MONIKA. – Oui, je suis entrée à l’université de Colombia où j'enseigne moi-même aujourd’hui.

I-ONE (voix féminine). – Comment avez-vous fait ?

MONIKA. – Je me suis préparée très minutieusement et je voulais vraiment y arriver.

I-ONE (voix féminine). – Votre père est l'une des cinq personnes les plus fortunées de Pologne, selon Forbes Pologne. Son argent vous a-t-il aidé ?

MONIKA. – Eh bien oui, bien sûr. Il a payé mes frais de scolarité. Mais l'argent ne suffit pas pour entrer à l’université de Colombia. J'ai dû consacrer tout mon temps libre à m’y préparer. Pendant que mes copines allaient dans les discothèques et dans les fêtes à Varsovie, je restais à la maison pour me préparer pour l'entrée à l’université et je suivais des cours avec des professeurs que mon père avait engagés pour moi. Donc, entre 17 et 19 ans, je n'avais pas de temps pour ça.

I-ONE (voix masculine). – Mais vous n'avez pas de regrets ?

MONIKA. – Aucun.

I-ONE (voix masculine). – Vous avez 40 ans. Vous êtes professeure à l'université de Columbia. Vous avez votre propre cabinet à Manhattan. Et je suppose que depuis vous vous permettez de vous amuser un peu de temps en temps ?

MONIKA, rire. – Oh oui ! J’ai pleinement rattrapé ce que j'ai sacrifié quand j'étais jeune. J'adore m’amuser.

I-ONE (voix masculine). – De quelle manière, précisément ?

MONIKA. – Diverses et variées.

I-ONE (voix masculine). – Des voyages dans les pays chauds ? Des randonnées dans les montagnes ? Des retraites de yoga et de méditation ? Des voyages au Pérou ? L’alcool ? Les drogues douces ? Les soirées dansantes ?

MONIKA. – Un peu tout ça, mais je ne consomme ni alcool ni drogue.

I-ONE (voix masculine). – Et les champignons à psilocybine ?

MONIKA. – Ce n'est pas une drogue.

I-ONE (voix masculine). – Compris. Beaucoup de sexe dans votre vie ?

MONIKA. – Suffisamment.

I-ONE (voix masculine). – Et pas seulement avec votre mari ?

Pause.

MONIKA. – Mais c'est une question intime.

I-ONE (voix masculine). – Mais votre mari n’en saura rien. Toutes les informations de cette enquète sont classifiées, elles ne seront accessibles à personne. C'est écrit en toute lettre dans notre contrat.

MONIKA. – Mais la question reste malgré tout trop intime.

I-ONE (voix masculine). – Vous ne voulez pas répondre ?

MONIKA. – Non.

I-ONE (voix masculine). – Mais vous aimez le sexe ?

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix masculine). – Et pas seulement avec un homme ?

Pause.

MONIKA. – Oui.

I-ONE (voix féminine). – Vous vivez aux États-Unis depuis plus de 20 ans. Percevez-vous une différence entre les Polonais et les Américains ?

MONIKA. – Je vois une différence entre les gens, mais la question n’est pas de savoir s'ils sont Américains, Polonais ou, disons, Russes. Bien sûr, il existe une différence de traditions culturelles ou des traits nationaux, mais en réalité, la différence principale entre les gens se situe dans leur niveau de développement. En d'autres termes, dans le niveau de leur perception et dans le développement de leur conscientisation. Les Polonais ne sont pas différents des Américains, mais les personnes moins conscientisés sont différentes des personnes plus conscientisées. Les esprits plus ouverts sont différents des esprits fermés. Les psychismes plus sains, des psychismes moins sains. Les systèmes conservateurs fermés, des systèmes vivants plus modernes.

I-ONE (voix féminine). – En quoi un musulman qui tue un Européen de l'Ouest parce qu’il a posté une blague innocente sur le prophète Mahomet sur sa page facebook est-il différent de votre mari, un neurobiologiste de renommée mondiale ?

MONIKA. – Tout d'abord, un musulman ne tue personne. Parce qu'au fond en réalité, les gens ne sont pas musulmans, ni chrétiens ni matérialistes athées. Si quelqu'un, quelqu'une, le tue ou au contraire l’aime beaucoup, alors ce n'est que de personne à personne. Les gens haïssent, compatissent, jugent, aident, trompent, sauvent, etc. Ce sont les gens qui font ça. Pas les musulmans, pas les conservateurs, pas les démocrates, pas les communistes, pas les nazis, mais les gens. Vous comprenez ce que je veux dire ?

I-ONE (voix féminine). – Ce qui signifie, selon vous, que toutes ces choses horribles dans les camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale dans votre Pologne natale n'ont pas été commises par des nazis allemands, mais par des gens ordinaires ?

I-ONE (voix masculine). – Qui organise toutes ces choses horribles, la pédophilie, le totalitarisme, la torture, le terrorisme, etc ? Si ce ne sont pas des pédophiles, ni des nazis, ni des terroristes, mais, comme vous venez de le dire, simplement des "gens", alors de quel genre de gens s'agit-il ?

MONIKA. – Le genre de gens comme moi.

I-ONE (voix féminine). – Vous tuez et violez des gens, Monika ?

MONIKA. – Bien sûr que non. Mais c'est en moi aussi.

I-ONE (voix féminine). – Mais pourquoi certaines personnes passent-elles à l’acte et les autres non ?

MONIKA. – Si l’on évacue les cas de troubles psychiques, alors c’est l’affaire d'un niveau particulier de développement.

I-ONE (voix féminine). – Qu'est-ce que vous appelez "développement" ?

MONIKA. – Un être humain qui tue un autre être humain à cause d’une caricature du prophète Mahomet n'est en réalité tout simplement qu'à un certain stade d'évolution, stade auquel la plupart des conflits se résolvent par la force physique. "Oeil pour œil", "survie du plus fort", "punir celui qui insulte mon dieu", tout cela correspond à une certaine étape de développement de l'évolution. Alors qu’à un stade supérieur de développement, un être vivant n'est plus capable de causer des dommages physiques à un autre être vivant à cause d'une idée, ou d'une pensée, ou d'un mot ou d'une insulte à son adresse ou à celle de son dieu, ou de son pays ou même à l’adresse de sa mère. À un certain stade de son développement évolutif, l'être humain arrive au constat qu’aucun conflit ne doit se résoudre par la force. Il est considérablement plus productif et rapide, et de ce fait plus rentable, de résoudre les conflits à l’aide du dialogue et de la communication. Mais on ne peut comprendre cette stratégie qu'après avoir atteint un certain niveau de développement évolutif.

I-ONE (voix féminine). – Quel est alors le rôle de l'éducation ?

MONIKA. – Hélas, nous devons admettre que le rôle de l'éducation est incroyablement faible. Car, comme nous le voyons, des personnes bien élevées et bien éduquées, diplômées de Harvard et héritières du trône royal dans un quelconque pays de l’Est, se révèlent être commanditaires de crimes atroces. Et votre exemple des nazis allemands le confirme. Des aristocrates allemands bien éduqués, nourris à la grande philosophie européenne et aux œuvres d’art remarquables, ont commis des horreurs abominables. I-ONE (voix féminine). – Mais quand nous disons "éducation", nous ne parlons pas de bonnes manières, mais avant tout de l’éducation des qualités humaines. Comme la compassion, l'amour, la bonté, la capacité à pardonner... Puisqu’il est probable qu'un être humain qui en tue un autre à cause de caricatures du Prophète manque simplement de bonté et de capacité à pardonner ?

MONIKA. – La personne qui tue pour des caricatures n'est probablement pas un mauvais être humain. Et probablement pas du tout méchant. Et sans doute capable d'amour et de compassion.
C'est juste qu'au niveau de développement évolutif où il se trouve actuellement, le fait d’insulter la plus haute figure sacrée d'un prophète ou d'un dieu déséquilibre son mental. Alors que pour d'autres, c’est le fait d’insulter le drapeau de leur pays qui entrainera une perte d'équilibre mental. Ou les vétérans de la guerre. Ou encore l'hymne et autres attributs auxquels il s'identifie. Comme si ces symboles religieux ou patriotiques faisaient intégralement partie de cet être humain et, par conséquent, critiquer ou, Dieu nous garde, insulter ces attributs, c'est infliger une offense mortelle à cet être humain qui croit en eux. De ce fait, la seule réponse adéquate à cette offense, du point de vue de son développement, est très souvent la réponse par la mort. Bien sûr, l'éducation et l'environnement sont très importants, mais la maturation émotionnelle fait partie du processus d'évolution. Et ce n’est pas une question d’absence de conflits, parce que les conflits arrivent à tout le monde. Il s'agit de savoir quels sont les outils dont dispose un être humain qui sont capables de résoudre ces conflits. Si devant les yeux mon mari, que vous avez cité ici, quelqu’un brûle le drapeau américain ou dessine un phallus sur la Statue de la Liberté, ou si quelqu’un insulte verbalement la Constitution américaine, ou même porte préjudice à sa réputation scientifique, tout en insultant au passage la mémoire de sa mère qu'il aime beaucoup, alors je vous assure qu'il ne fera pas appel à la violence physique pour cela, et qu'il ne réclamera sûrement pas une mise à mort. Jamais de la vie !

I-ONE (voix féminine). – Peut-être parce qu'il n'en a tout simplement pas la possibilité.

MONIKA. – C'est pas la question. Simplement son niveau de développement évolutif lui souffle que la force physique ne doit être utilisée que lorsqu'il n'y a effectivement aucune autre sortie pour sauver sa vie ou celle des autres. En d'autres termes, à son niveau de développement, la force physique n'est employée que dans les cas les plus extrêmes, quand il n'y a plus rien à faire d’autre.
Mais, par exemple, le niveau d'évolution de Jésus-Christ lui suggérait carrément de ne pas résister même à celui qui t’attaque en essayant de te prendre ta vie. Rappelez-vous "si tu es frappé à droite, tend la gauche" ou "aime ton ennemi". Il est d'ailleurs intéressant de noter que les chrétiens considèrent pour la plupart que la résistance à l'ennemi est tout à fait chrétienne, ce qui est à l’évidence contraire aux enseignements de leur Maître. Et cela n'arrive que parce que Jésus a prononcé ses sermons depuis son propre niveau de développement très élevé, alors que les hiérarques de l'Église interprètent ses enseignements depuis leur propre niveau, beaucoup plus bas. Et mon mari, contrairement au Christ, admet malgré tout la possibilité d'ôter la vie à une autre personne en cas de légitime défense. Il faut bien admettre que son niveau d'évolution est très inférieur à celui du Christ.

I-ONE (voix masculine). – Il y a un an, votre mère s'est d’elle-même soumise à l'euthanasie, elle avait un cancer…

MONIKA. – Comment vous savez ça ?!

I-ONE (voix masculine). – La presse en a parlé, parce que votre père est un homme connu. Et si nous avons bien compris, toute votre famille était d'accord avec cette décision. Et elle était présente auprès de votre maman dans la clinique en Suisse pendant cette procédure.

MONIKA. – Et alors !?

I-ONE (voix masculine). – Pensez-vous que le suicide soit aussi un certain niveau d'évolution ?

MONIKA. – Quel rapport avec ce qui s’est passé avec ma maman ?

I-ONE (voix masculine). – Nous voudrions apprendre ce que vous pensez du suicide ?

MONIKA. – Pourtant vous me questionnez précisément sur ma maman !

I-ONE (voix féminine). – Parce qu'il s'agit de votre vie. Vous avez surmonté ça. Et ce qui nous intéresse c’est de connaître votre position sur cette question.

MONIKA. – Eh bien, écoutez. Qu'un adolescent, incapable de faire face à une dépression ou à un état psychotique, se jette par la fenêtre est une chose, mais c'est tout autre chose quand un adulte atteint d'un cancer de stade 4 prend une décision consciente. Dans le premier cas, il s'agit d'un trouble mental alors que dans le second, d'un choix conscient. I-ONE (voix féminine). – Considérez-vous qu'une personne a le droit de s'enlever la vie ?

MONIKA. – Je formulerais la question autrement. Qui a le droit d’enlever à un être humain le droit de disposer de sa propre vie ? I-ONE (voix masculine). – Même quand il s’agit de mineurs ?

MONIKA. – Eh bien, bien sûr que non. Je répète, il y a une grande différence entre un trouble mental et une décision consciente. Et pourquoi vous être mis à parler de ce sujet avec moi ?

I-ONE (voix féminine). – Et qu'y a-t-il de si surprenant à ça ?

MONIKA. – Eh bien, ce qui est surprenant c’est l’attention particulière que vous portez à ma vie privée.

I-ONE (voix féminine). – En réalité, pas tant que ça.

MONIKA. – Et à ce propos ! Pourquoi me payer autant d'argent pour participer à votre étude ? D'habitude, on me paie beaucoup moins pour des entretiens comme celui-ci. Vous payez tout le monde autant ?

I-ONE (voix féminine). – D'une certaine manière, ils vous rétribuent comme une consultante. Et pour une consultante de votre calibre, c'est un très modeste honoraire, n'est-ce pas ?

MONIKA. – Je ne pensais pas du tout qu'il s'agissait d’une consultation, il me semblait que je participais à une étude scientifique parce que...

I-ONE (voix masculine). – Désolé, Professeure, nous nous sommes un peu égarés.

I-ONE (voix féminine). – Revenons à nos questions, Monika.

Pause.

[...]

Varsovie, le 29 octobre 2024.


henschel Titulaire des droits :
henschel SCHAUSPIEL Theaterverlag Berlin GmbH
Agent de l'auteur pour l'espace francophone :
Gilles MOREL |
 

viripaev

Ivan Viripaev - Avignon, juillet 2024







Pièce basée sur
une étude enquète confidentielle
(version 2024)







11 SCENES





ACTEURS
Monika Borowska – 40 ans. Psychothérapeute.
Rayen Arrow - 25 ans. Biologiste.
Morgan Smith – 60 ans. Neurobiologiste.
I-ONE – réseau neuronal.













"Un jour, l’'intelligence artificielle,
programmée pour répondre positivement
aux problèmes et défis complexes auxquels l'évolution est confrontée, prendra la seule et unique bonne décision qui sauvera la planète d'un virus mortel...".

(Noura Lavan, PDG de FWS)



"Celui qui pense qu’Il tue ou celui
qui suppose qu’il est possible de Le tuer,
Ni l’un ni l’autre ne le sait : Lui-même ne tue pas et il ne Lui arrive pas d’être tué.
Il ne naît jamais, ni ne meurt ; sans surgir,
Il ne surgira jamais ; un non-né,
permanent, éternel.
Lui, l'antique, ne meurt pas
quand le corps est tué.
Comment celui qui sait qu’Il est l'indestructible, le non-né, l’ininterrompu, l'éternel,
Comment un tel homme pourrait-il tuer
ou faire tuer quelqu’un, Prithâ ?"

(Bhagavad-Gîtâ, chapitre 2,
traduit par B.Smirnov)




















(version 2022)

mahamaya

mahamaya

mahamaya

BADANIA SCISLE TAINE
(version polonaise)
création au Centre culturel Ursynów "Alternatives"
dans le cadre du Festival des Nouvelles Lumières
mise en scène Ivan Viripaev
du 20 au 23 octobre 2022 - Varsovie














(version 2022)

mahamaya

fullversion

© Teatr TVP Kultura - 2021
version intégrale 90 mn














 

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