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Ivan Vyrypaev (Viripaiev)
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Le spectacle
Dramaturge russe parmi les plus provocateurs de sa génération, Ivan Viripaiev signe une diatribe chantée vivement politisée. Quelques mois après la création du spectacle Kislorod à Moscou par Viktor Ryjakov, Galin Stoev metteur en scène d’'origine bulgare monte à Bruxelles la version française du texte sous le titre Oxygène. Le flot de paroles et de rythmes s’'attèle à circonscrire les « paramètres de la nouvelle confusion mondiale ». En prétexte, le texte oppose un garçon de la province profonde à une moscovite des sphères huppées. Ce fiévreux récital de rap interpelle l’Histoire du monde et son actualité, évoque le conflit israélo-palestinien comme les attentats du 11 septembre 2001.
Dix chansons, tels dix contre-commandements vindicatifs et drôles, scandés, proférés par trois acteurs et un D.J. qui triturent d’'inconciliables différences et complémentarités flagrantes : passé contre avenir, terrorisme contre globalisme.
La presse
ETRANGLEMENT DU SENS Avec Oxygène, le russe Ivan Viripaev empale, en un flux de mots, un XXIe siècle asphyxié. Le bulgare Galin Stoev met en scène cette vertigineuse partition musicale, interprétée par trois acteurs et un DJ.
Les protagonistes d'Oxygène dialoguent, se déchaînent en assertions et supputations qui se cognent, rebondissent, s'opposent. Le procédé imaginé par l'écrivain est saisissant : les contradictions pullulent, le paradoxe est roi. Sans cesse, le sens fait mine d'apparaître et fuit aussitôt en un incoercible et déstabilisant mouvement de glissement. Mais c'est la mise en scène qui confère à cette pièce toute sa puissance polémique et philosophique. Parce que Galin Stoev, né en Bulgarie en 1969 et établi en Belgique, a pris le parti d'instaurer une distance entre la gravité des sujets soulevés et leur traitement scénique. Devant un micro planté dans un espace dépouillé, deux acteurs s'adressent au public. Ils parlent, chantent, catapultent le texte sur les sonorités techno d'un DJ et sous le regard d'un meneur de jeu. Leur voix se fait sobre, mutine, sensuelle. Leur corps disjoncte malicieusement en gestes décalés ou hip-hoppe quelques pas de danse. Et leurs lèvres sourient quand le sang, quand le meurtre gagne du terrain.
Cet écart entre fond et forme, d'une absolue pertinence, tisse un espace pulsatile où louvoie la pensée du spectateur. De manière non pas rationnelle, mais sensorielle : à la logique cartésienne se substitue la musique. D'autant que la vitesse du débit des acteurs occulte certains mots. Le spectateur, qui cherche à comprendre ce qui échappe, comprend en même temps que ça échappe. Qu'est-ce qui fait suffoquer nos poumons ? La corrosive atmosphère d'un monde délétère ou la condition humaine ? Vertige ! Sabrina Weldman - MOUVEMENT.NET - 16/11/2006
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Oxygène (Kislorod)
Texte russe
Ivan Viripaev
Traduction française
Elisa Gravelot Tania Moguilevskaia Gilles Morel
Mise en scène
Galin Stoev
Musique originale
Gilles Collard
Avec
Céline Bolomey Antoine Oppenheim Gilles Collard
Production déléguée
Cie FINGERPRINT Bruxelles
Créé en septembre 2004 au Théâtre Marni - Bruxelles Avec l'aide du Ministère de la Communauté Française de Belgique - Service du Théâtre, de la Cie Fraction,du CIFAS et du Théâtre Marni Bruxelles
Avec le soutien à la diffusion du CGRI Belgique et de l'ONDA France
Prix
Prix "Max Parfondry" Festival Emulation 2005 Théâtre de la Place - Liège
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Le texte
Et en chaque homme, il y en a deux qui dansent : le droit et le gauche.
Le premier danseur, c'est le droit, l'autre c'est le gauche. Les deux poumons du danseur. Deux poumons. Le poumon droit et le gauche. Et en chaque homme il y en a deux qui dansent : son poumon droit et son poumon gauche. Les poumons dansent, l'homme reçoit de l'oxygène. Si on prend une pelle, et qu'on frappe l'homme sur la poitrine au niveau des poumons, alors les danses s'arrêtent. Les poumons ne dansent pas, l'oxygène n'arrive plus.
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