Ivan Vyrypaev (Viripaiev)
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Le spectacle
Antonina Velikanova est internée dans un hôpital psychiatrique des environs de Moscou. Un jour, elle se surprend à comprendre d'une manière totalement neuve la phrase de Shakespeare : « le monde entier est une scène, et les gens sont des acteurs ». Elle entre alors en contact avec l'un des auteurs dramatiques les plus en vue de Moscou : Ivan Viripaev. Leur correspondance devient la base d'une pièce tout à fait originale qui aboutit ensuite entre les mains du metteur en scène, Galin Stoev (Oxygène). Le résultat de ces rencontres est un spectacle où, à travers des textes rythmés, drôles et hautement poétiques, une nouvelle image de la genèse du monde est évoquée, offrant une vision morcelée de ce dernier, la réalité devenant plus désastreuse que la fiction, avec, au coeur, de ce chaos, la question de Dieu. Un univers sensoriel à découvrir.
A propos de la pièce
De la même façon que Oxygène, Genesis N°2 utilise comme point de départ un thème biblique. Ce qui est intéressant ici, c'est la nature hybride du texte : Ivan Viripaev, un représentant de la dramaturgie russe contemporaine, a en effet choisi d'écrire à partir du texte d'une patiente psychiatrique (Antonina Velikanova). Ce dernier texte est inspiré par le récit vétéro-testamentaire décrivant Lot et sa femme fuyant la ville de Sodome incendiée. Le manuscrit témoigne en fait d'un manque de technique d'écriture dramaturgique, cependant Viripaev s'est employé à l'organiser en ajoutant de nouveaux épisodes et en introduisant certains extraits de sa correspondance avec l'auteur. On peut donc dire que ces deux « co-auteurs » se rencontrent dans l'espace d'un texte théâtral, en se confrontant tous deux à la même problématique d'états mentaux limites. Mais là où l'une les vit dans l'expérience soltaire de la psychose, l'autre cherche à en élaborer une expression artistique.
Le résultat final du texte présente une construction serrée à trois voix : celle du prophète Jean, celle de Dieu lui-même et celle de la femme de Lot qui, tour à tour, cherchent à mettre à jour le sens du récit biblique. C'est l'opposition entre la voix de Dieu et celle de la femme de Lot qui est d'abord la plus marquée : Dieu semble affirmer sa propre non existence alors que la femme de Lot cherche à prouver qu'il existe ; par ailleurs, Dieu prétend que l'homme est « quintessence de poussière » (ce Dieu souffre visiblement du syndrome d'Hamlet), tandis que la femme de Lot veut montrer qu'en plus de la chair périssable il y a autre chose. Cette dispute paradoxale dans laquelle le blasphémateur principal s'avère être Dieu lui-même peut résonner dans l'oreille de certains comme un blasphème prémédité. Selon moi, elle est coloriée non pas de nihilisme, mais au contraire du désir désepéré de l'homme à croire, en particulier dans des situations où il est lui-même son unique source de foi.
Galin Stoev
La presse belge à la création
Sur scène, le trio de comédiens, secondés de trois brillants musiciens dont les accordéon, violon et violoncelle distillent une atmosphère orientale et folklorique signée du compositeur Sacha Carlson, se jette à corps perdu dans le tourbillon de ces mots dédoublés pour offrir au public un spectacle hors du commun, une "solution théâtrale contre l'endormissement et le repli sur soi". (...) Le duo, déjà présent dans Oxygène, composé de Céline Bolomey, charmante et féline, et d'Antoine Oppenheim, qui marque la scène de sa présence, sa démarche chaloupée et sa voix envoûtante, s'enrichit de l'arrivée de Vincent Lécuyer, délicieux dans son jeu, ironique et drôle à souhait.
Marie Liégeois - LA LIBRE BELGIQUE - 20/10/06
Une musique à tonalité russe populaire, bien rythmée, due à Sacha Carlson et qui assure son succès auprès de jeunes spectateurs enthousiastes Le metteur en scène bulgare Galin Stoev joue l'épure visuelle et peut compter sur d'excellents jeunes comédiens, de Céline Bolomey à Antoine Oppenheim en passant par un Vincent Lécuyer, incroyablement présent.
Christian Jade - MUSIQ3 - 22/10/06
A chaque nouvelle création de Galin Stoev, un réflexe s'impose : remettre les données théâtrales de notre disque dur à zéro. Avec Oxygène du jeune Russe Ivan Viripaev et sa réjouissante lecture des dix commandements, le Bulgare bousculait déjà nos repères. Pas de personnages, mais des acteurs porteurs d'un texte sacré, poétique et surréaliste. Pas de narration linéaire, mais un montage éclaté, déstructuré. Pas de décor, mais la simplicité d'adresses au public, faussement improvisées. Exégèse très particulière de la Bible, Genèse n°2, du même Viripaev, remet ça. En plus délirant. Catherine Makereel - LE SOIR - 21/10/2006
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